Sultan vous connaissez ? Ce pseudonyme ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant ce rappeur originaire de Bagneux et d’origine comorienne n’en est pourtant pas à ses débuts dans le milieu. Du haut de ses 29 ans, Soultouane Benjadid, alias Sultan bouleverse la scène rap avec son dernier album sorti en avril 2016.
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De Soultouane à Sultan
C’est en région parisienne, dans les quartiers de Bagneux, que Sultan commence à s’intéresser au rap, en composant ses premiers textes dès l’âge de 10 ans. Ce « loisir » impulsé par la présence de son grand-frère membre du collectif « L’instance Glauque » prend très vite une autre tournure. Soutouane remarque très vite que c’est justement son truc et rejoint lui aussi divers collectifs pour lancer sa carrière (Le Système auditif, Ks de l’île, La Sente).
A 17 ans il compose ainsi sa première démo et rejoint Ibrahim, avec qui il forme le duo Holster. Commence alors un vrai parcours du combattant. Sultan sort deux titres qui le font sortir de l’ombre en 2005, « 92 » et « Tah » dans lesquels il raconte son quotidien en banlieue et la vie dans les banlieues voisines avec ses propres mots : « Sultan débarque dans le rap biz, trop violent convoque une cellule de crise, un comorien c’est sur nous qu’il faut que tu mises pour représenter départements et cités. Chez nous on a rien à prouver on veut t’mettre en tort c’est plus qu’une rumeur dans l’92 ça critique à mort […] » (92) / « C’est Sultan tah la violence, Bagneux tah la délinquance, mode crime made in 92 tah Ile-de-France, Moi j’écris des textes tah les fous, je suis pas une prostituée tah le bois de boubou (Tah). Il travaille ses textes et enchaîne les mixtapes (Mode Crime en 2006 et Fontline en 2007), albums collaboratifs et albums solo de 2006 à 2010 en indépendant.
Naissance du premier album et des premières difficultés
En 2009, Sultan passe un cap et lance son premier album intitulé « Sul’tendance ». Le succès est au rendez-vous, mais comme le rappeur le confie à Génération urbaine, sa popularité a du mal à dépasser les frontières d’Internet face aux portes fermées qui se trouvent sur son propre chemin. Avec sa position d’indépendant, il ne parvient pas à convaincre les grandes radios de diffuser ses titres à l’antenne. Première claque certes, mais le rappeur en a dans le ventre et commence tout de suite à démarcher les labels, notamment celui de La Fouine, S-Kal qu’il quitte en avril 2015. Il est depuis sous contrat avec Sony Music.
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Le temps des collaborations avec les grands noms et la team BS
En 2011 les choses se bousculent pour le Sultan. Il apparaît dans deux titres de Capitale du Crime Vol.3 de la Fouine sur « On me disait » et « Drogba ». Un coup de pouce non négligeable dans sa carrière. Le second album du rappeur sort en 2012 et s’intitule « Des jours meilleurs ». Parmi les 13 morceaux proposés, on trouve des featurings avec de gros poids lourds : Rohff sur « 4 étoiles », Psy 4 de la rime sur « Mzé » et La Fouine sur « Des jours meilleurs ». Preuve de son beau succès, Sultan signe en 2013 la BO française du film « No Pain no gain ». En 2014 nouvelle révélation mais cette fois- ci auprès d’un public bien plus large et musicalement mainstream grâce aux titres « Fierté » et « Case départ » figurant sur l’album de la Team BS (groupe avec La fouine, Fabby et Sindy et Sultan) et sur lequel il se laisse aller à quelques flows.
Le temps de la maturité
En 2015 Sultan s’exerce à de nouveaux registres : Un brin lover / latina avec le titre « Piqué » feat David Carreira et un titre plus personnel évoquant son parcours dans le rap avec « Nan mais laisse » : « Wallah j’ai fait du chemin, mon flow prend de l’âge […] Ma voix est un classique ton beatmaker devrait l’assembler [….] Donc j’peux pas les sentir, d’être le meilleur j’suis devenu addict […] T’es arrivé hier dans le game moi j’suis ton baby-sitter […] Si j’m’en fou de vos dires c’est que j’suis trop loin […]Les vrais le savent nan mais laisse, ma voix m’écrase je peux pas me cagouler […].
Alors que le troisième album de Sultan était prévu en 2014, il sort deux ans plus tard en avril 2016. Sur l’album « Condamné à régner » figure les titres « Perdu d’avance », « Je viens d’en bas », « Bosouloutoi » ou encore « Parti de rien ». On retrouve sa voix rauque sur « Perdu d’avance » un texte évoquant son passé sentimental de séducteur, de cœurs brisés et d’homme à femmes. Dans « Je viens d’en bas », le rappeur nous amène à la rencontre de ses origines aux Comores : « Je viens d’en bas, je viens d’en bas. Là ou principes et valeurs n’se vendent pas. Je viens d’en bas, je viens d’en bas. C’est là où tu trouveras tous mes semblables […] J’ai le ghetto qui m’abrite, le ciel entend mes échos, pourtant j’viens d’en bas ».
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