C’est l’homme qui donne vie aux chansons émotionnelles dans le monde du rap. Presque aucun des rappeurs allemands de ces dernières années ne captive autant de fans avec des ballades de rap aussi intenses. Alors que la sincérité et les émotions sont jugées sur la scène comme peu cool, Aimo utilise justement ces thèmes à travers ses textes. Aimo est né et a grandi à Zehlendorf, un quartier situé dans le sud de Berlin et est tombé amoureux du rap allemand à la fin des années 1990. Ce n’est qu’en 2002 qu’il commence lui-même à rapper. Après de nombreux albums solo sortis sous le pseudonyme de Taichi, Aimo publiera son 6ème album solo en janvier 2015 sous son nom de naissance : Aiko Brookmann. Aujourd’hui c’est avec grand plaisir que nous vous en disons plus sur lui, à travers une interview qu’il nous a accordée.
Bonjour Aimo. Nous te remercions pour le temps que tu nous consacres. Commençons par évoquer ton « nouveau » nom. Comment t’est-il venu l’idée de changer ton nom de scène pour adopter ton nom de naissance ? Qu’est ce qui te dérangeait avec Taichi ?
Bonjour. Je vous en prie c’est avec plaisir. Puh… La décision d’abandonner mon « nom d’artiste » ne m’est pas venue sur un coup de tête. Ça c’est fait comme ça. Quand tu commences à rapper à 16 ans, tu es évidemment dans un autre monde. J’ai toujours fait des chansons émotionnelles et profondes, mais justement pas uniquement que ça. J’ai également pas mal trimé et fais des battles de rap. En 2005 j’ai eu par exemple une phase, durant laquelle je m’habillais avec des vêtements hip-hop de couleur pétante. Durant cette période j’ai beaucoup décompressé et j’ai fait preuve de plus d’attention. Entre temps ce sont 12 années sous le pseudo de « Taichi » qui se sont écoulées et la musique que je fais à présent n’a presque plus rien à voir avec ce que je faisais au début, autant dans la profondeur de mes textes que dans leur sincérité. Selon moi l’étape la plus logique était de sortir le nouvel album sous mon nom de naissance.
Parle-nous un peu de ton nouvel album « Schneckenhauseffekt » (littéralement l’effet coquille d’escargot) qui sortira en janvier. Pourquoi un tel nom et à quoi peut-on s’attendre ?
Le nom veut tout dire. Il aborde la retraite, le repos, la stagnation et le souhait de quitter cet état. Ces chansons sont autocritiques et émotionnelles. En général même si ça sonne critique, c’est jusqu’à présent mon album le plus personnel. A travers la musique j’accorde une grande importance à l’authenticité et il arrive souvent que je ne puisse pas écouter des musiques, sur lesquelles les autres font la fête, parce que j’ai le sentiment que cela n’est pas authentique. Pour cette raison, l’écriture de textes est un process, durant lequel je prends beaucoup de distance, ça me prend également pas mal de temps. Dans tous les cas, ce n’est pas un album qu’on peut écouter en fond sonore. Je fais de la musique qui mobilise l’attention et qui apporte quelque chose à l’auditeur lorsqu’il est prêt à l’écouter et l’embrasser.
Il y aura probablement sur ce nouvel album « Schneckenhauseffekt » de nouveau des featuring. Est-ce que tu peux déjà nous en dévoiler un peu plus ?
A part Gunter Gabriel qui apparaîtra sur un refrain, l’album ne comportera aucun feature. J’ai fait une chanson country dans laquelle j’y aborde le métier de mes rêves lorsque j’étais enfant. C’est pour cette musique que Gunter a participé. Sinon J’ai délibérément évité les features. Sur l’édition premium il y a également une chanson en featuring avec Basstard und Nedey.
Peut-on s’attendre à te voir en tournée l’année prochaine ou te voir en live quelque part ?
Nous sommes en ce moment en train de faire des répétitions et de finaliser notre passage avec un autre groupe. Je n’ai pas fait de tournée depuis extrêmement longtemps, certainement 6 ans, et je me réjouis de voir comment cela va évoluer. Une première pour le lancement de l’album est de toute évidence prévue avant d’enchaîner sur une petite tournée.
Tu as à ton actif déjà pas mal d’années de rap. Quand tu jettes un coup d’œil aux chansons que tu as écrites jusqu’à aujourd’hui, laquelle préfères-tu ?
C’est évidemment difficile de choisir. Dans tous les cas, toutes sont des chansons « profondes », qui pour moi sont sans époque et que je m’écoute encore aujourd’hui volontiers. Comme par exemple « Königreich » de l’album Story sorti en 2006.
Y-a-t-il quelque chose que tu aimerais essayer en musique, que tu n’as pas encore fait ?
J’ai fait à travers cet album des choses que je n’osais pas à l’époque. J’ai par exemple mentionné avoir fait une musique country. De manière générale j’arrive à présent à affronter mes peurs. Je fais de la musique car ça me plait et non parce que c’est une condition pour que je puisse survivre. C’est pourquoi je fais attention depuis que j’ai commencé, à ne pas faire quelque chose de commercial dans l’unique but que cela devienne un succès. Je compose simplement avec ce dont j’ai envie et si des gens aiment le résultat final, alors je m’en réjouis.
Un grand merci à Aimo Brookmann pour cette super interview ! Et sans plus attendre, découvrez nos bonus :